top of page

Anthropologie de la douleur

A l'occasion de la Journée Mondiale de la Douleur, le Professeur David LE BRETON, anthropologue explique au travers d'une conférence les expériences de la douleurs.


Je vous invite à visionner le replay de cette conférence "Les expériences de la douleur" donnée à l’Hôpital Paris Saint-Joseph le 17 octobre dernier.


Il y propose autre approche de la douleur, d'un point de vue humain et social, très enrichissante qui permet de porter un autre regard que celui médical ou psychologique sur les personnes souffrant de douleurs chroniques.


Je vous en propose ci-après quelques morceaux choisis.


"Il n’y a pas de douleur sans souffrance, toute douleur a une résonance morale.

Cette opposition qui nous agace si souvent entre douleur qui serait physique et souffrance qui serait morale n’a strictement aucun sens d’un point de vue phénoménologique : du point de vue de notre expérience du monde."


"Le sens, la signification est essentielle quand on interroge la condition humaine, et même quand on interroge le rapport à la douleur.

L’intensité de la souffrance est toujours liée au sens de manière large, en dehors des schémas neurophysiologiques qui ne disent absolument rien de la manière dont elle est ressentie."

"La douleur mêle le corps et le sens, elle est somatisation (corps) et simultanément sémantisation (sens).

Quand on a mal c’est pas notre corps qui souffre, c’est notre personne toute entière qui est en souffrance."


"Nous disposons aujourd’hui de techniques antalgiques que j’appellerais des techniques de sens : on ne touche pas au patient, mais en même temps on arrive à réduire la somme de souffrance que les patients vivent. Je pense par exemple à l’hypnose qui évidement est de plus en plus utilisée dans les hôpitaux en France et dans le monde entier depuis déjà bien plus longtemps.

L’hypnose est de plus en plus utilisée mais aussi plus traditionnellement la relaxation, la sophrologie, la méditation, qui sont donc des espèces de détour pour que la personne arrête d’être en quelque sorte d’être hypnotisée par sa douleur. L’hypnose c’est justement une technique pour détourner la conscience.

Quand on se dit en permanence « j’ai mal, j’ai mal, j’ai mal, c’est horrible », il faut briser ce conditionnement.

Plus on pense à sa douleur et plus on a mal.

Plus on pense à sa douleur et plus on lui donne de l’énergie.

Donc au delà des molécules, des antalgiques que l’on peut utiliser il y a aussi une manière de détourner l’individu de cette focalisation, de cette rumination sur sa souffrance pour qu’il ait justement moins mal.

Le problème vous savez bien c’est que quand vous dites à la personne « essayez de ne plus y penser », çà ne fonctionnera jamais.

Donc il faut trouver des techniques du corps qui permettent au sujet de focaliser toute son attention sur ce qu’il va utiliser pour essayer d’amortir une part de sa douleur.

L’hypnose est une voie royale en la matière, mais aussi d’une certaine manière la méditation."

bottom of page